Gardali

Gardali salon de l'écologie 2022

Sandra Ramaye, je suis à l’initiative et la fondatrice de l’association « GARDALI », une association
du secteur de la transformation des végétaux. Association citoyenne qui se veut également être un
outil de lutte contre le gaspillage alimentaire.

1.1 Le gaspillage en chiffres

Tout d’abord, permettez-moi d’apporter des éléments chiffrés sur le gaspillage alimentaire.
Faisons un petit détour par quelques chiffres.
Un tiers de la nourriture produite pour la consommation humaine est perdue ou gaspillée dans le
monde, ce qui représente environ 1,3 milliard de tonnes par an (Source de l’ADEME).
Concernant les fruits et les légumes, c’est près de la moitié qui est gaspillée soit 45%.

Pour moi, le gaspillage de nourriture constitue un scandale éthique et social ! Aujourd’hui nous
produisons suffisamment de denrées alimentaires pour couvrir l’ensemble des besoins de la planète
et pourtant la sécurité alimentaire de tous n’est pas assurée dans le monde.
Zoomons sur le France, le baromètre Ipsos-Secours populaire de 2018 dévoile que 27 % des Français
rencontrent des difficultés financières pour consommer des fruits et des légumes frais
quotidiennement.

Les profils et le nombre des personnes qui subissent la malnutrition, notamment en France, se
diversifient et se multiplient c’est-à-dire 1 personne sur 6.

1.2 Pourquoi le gaspillage alimentaire est-il un problème ?

Le gaspillage alimentaire génère des impacts très importants sur l’environnement car il
s’accompagne de l’épuisement de ressources d’une part et de pollutions (carburant, engrais,
pesticides, etc.) d’autre part liée à la production des aliments qui finissent à la poubelle sans passer
par l’assiette.

Jetée, cette nourriture devient un déchet, une charge pour la collectivité qui assurer son élimination
qui génère des coûts financiers supportés par les citoyens. Et ça ne s’arrête pas là !
Le rapport crucial de l’Organisation des Nations unies pour l'alimentation et l'agriculture (FAO)
précise que l‘élimination des déchets alimentaires dans les décharges entraîne des émissions de
gaz à effet de serre. Ainsi, l’empreinte carbone des pertes et gaspillages est estimée à 3,3 gigas
tonnes d’équivalents CO2. S’ils représentaient un pays, il serait le 3ème plus grand contributeur de
gaz à effet de serre sur la planète, juste derrière les États-Unis et la Chine.

Et si le phénomène du gaspillage alimentaire était déjà critique hier, il l’est encore plus aujourd’hui
! La pandémie du Covid-19 tire la sonnette d’alarme pour que nous revoyions la façon dont nous
produisons, manipulons et gérons notre nourriture.

1.3 Qui gaspillent ?

Tous les maillons de la chaine sont concernés, de l’agriculteur au consommateur. Si le consommateur
est souvent le premier à être pointé du doigt, la question concerne en réalité l'ensemble des acteurs
et filières de l'alimentation. Selon une étude de l'ADEME de 2016, 18% de la production alimentaire
destinée à la consommation humaine serait gaspillée chaque année. Ce gâchis se répartit comme
suit :

  • 32% pour la production agricole ;
    –  21% pour la transformation ;
    –  14% pour la distribution ;
    –  14% pour la restauration (collective et commerciale) ;
    –  19% pour la consommation à domicile.

Donc, tous les secteurs d’activités sont concernés et génèrent du gaspillage à leur niveau pour
différentes raisons : surproduction, critères de calibrage, rupture de la chaîne du froid, mauvaise
gestion des stocks, inadéquation entre l’offre et la demande. Nous sommes co-responsables !

Plusieurs exemples.

Certains agriculteurs replantent sur les productions précédentes non récoltées lors de la nouvelle
semence. C’est moins coûteux que de payer la main d’œuvre pour ramasser le surplus. Ce qui s’est
produit récemment à Ciloas et à St Leu.
Qu’en est-il des restaurations collectives et classiques ?

Certains achètent en nombre afin d’assurer la demande et éviter la rupture en cas de couverts
supplémentaires. Ce qui entraîne inéluctablement un surplus de produits. C’est une méthode de
gestion des stocks. C’est aussi une décision politique d’entreprise. Pourtant depuis du 21 octobre
2019, l’obligation de mettre en place une démarche de lutte contre le gaspillage alimentaire est
étendue aux opérateurs de la restauration collective privée (loi EGALIM). A compter de cette date,
les opérateurs de la restauration collective (publique et privée) préparant plus de 3 000 repas par
jour disposent d’un délai d’un an pour proposer une convention de dons à une association habilitée.
Par ailleurs, l’interdiction de rendre impropres à la consommation les excédents alimentaires encore
consommables est étendue à la restauration collective à partir du 1er janvier 2020 (amende de 3 750
€).

Le transport est aussi facteur de pertes. En effet, les végétaux sont fragiles et s’abîment rapidement
pendant l’acheminement du point de production, au stockage, à la distribution jusqu’au
consommateur.
Encore aujourd’hui, certaines grandes surfaces détruisent les invendus alors que la loi relative à la
lutte contre le gaspillage alimentaire qui est promulguée le 11 février 2016 prévoit des actions pour
notamment obliger chaque supermarché de plus de 400 m² à rechercher un partenariat avec une
association d'aide alimentaire pour lui céder ses invendus alimentaires, au lieu de les jeter ou de les
détruire.
Si nous analysons ces gaspillages au regard du comportement des consommateurs. L’esthétique, le
gabarit priment sur le gustatif qui est souvent présent malgré un produit déformé et de qualité.
Ces exemples reflètent une pratique généralisée et mondiale.

1.4 Qu’en est-il à La Réunion ?

Rappelons qu’il n’est pas en autosuffisance alimentaire. Les importations sont nécessaires et par voie
de conséquence contribuent à l’empreinte carbone.
Portant La Réunion offre une abondance de produits en termes de fruits et légumes pourtant 350
000 personnes vivent sous le seuil de pauvreté à La Réunion. Mais la population se prête volontiers
au « consommer local et mieux » ce qu’elle a largement démontré lors du confinement.

Le gaspillage est certes du fait de certains professionnels mais également des particuliers à travers
leurs achats, Leclerc Piton St Leu me propose minimum 100Kg de fruits et légumes par semaine ou
du délaissement de la production de leurs arbres fruitiers.

Ne serait-il pas enfin entendable, réalisable de réduire la consommation tout en valorisant les
déchets alimentaires et en développant une économie raisonnée, écoresponsable ?

1. L’origine de mon association

Tous ces constats, ces comportements, et mon aversion pour le gaspillage me conduisent
naturellement à œuvrer.
J’ai donc décidé de créer mon entreprise pour valoriser les déchets et plus précisément les fruits et
légumes à travers la confiture.
Je suis capable d’apporter cette réponse car transformer je l’ai toujours fait ! C’est inné chez moi,
d’ailleurs on me surnomme « géo trouve tout »

Mariée à un Réunionnais, installée depuis 2015 à La Réunion, j’ai adopté cette île à bras ouverts.
Emerveillée par sa nature luxuriante et abondante, pour moi ce fut le déclic, lier ma volonté de
changement de vie professionnelle et ma passion les confitures. Et être maman conforte cette
motivation car je veux transmettre à ma fille des habitudes alimentaires saines et qu’elle adopte un
comportement de consommatrice-actrice.

« Géo trouve tout » et la passion des confitures dis-je ? Oui ! Faire des confitures m’est venue
naturellement depuis mon plus jeune âge. Créer, innover, jouer avec les couleurs, les saveurs, les
senteurs, quel plaisir ! Et, j’ose vous le dire, elles sont appréciées de mon entourage !
Il s’agit aussi de la volonté de transformer ce qui est considéré comme laid, comme un déchet. Lui
redonner une beauté. Dans tout ce que je vois, il y a du beau. Je veux mettre en lumière ce qui est
beau. Si ça ne voit pas je le transforme afin que ce soit visible à l’œil, et gustatif.

2. Son identité

3.1 La vocation

Je décide de créer une association engagée. Elle aura pour vocation de récupérer les déchets
végétaux pour les transformer pour le bien-être de la personne, de l’environnement.
Elle contribuera à protéger l’environnement par la valorisation des invendus, par une production qui
crée très peu de déchets. Nos pots sont recyclés et les épluchures sont récupérés pour nourrir les
animaux et créer du compost.

Elle contribuera aussi à limiter les épidémies vectorielles dues aux moustiques qui créent leur habitat
dans les végétaux pourris.

3.2 Les valeurs

Mon entreprise incarnera, exprimera, valorisera au quotidien les valeurs telles que l’écologie, la
transmission, la valorisation et la collaboration.

L’écologie :
– Le gaspillage doit devenir une valeur ajoutée par la transformation.
– Développer l’autosuffisance à la Réunion en répondant à un besoin écologique et sociétal ;
économique en récupérant et en transformant.
– Nettoyer et embellir l’environnement.

La transmission :
– Eduquer les enfants à la consommation raisonnée.
– Partager les savoirs et savoir-faire de la récupération et de la transformation.
– Susciter des passions.

La valorisation :
– Le gaspillage contribue à l’autosuffisance alimentaire ; et à la valorisation financière issue du
produit transformé.
– Inciter la consommation locale.
– Retrouver le goût des produits lon tan et naturels.

La collaboration :
– Travailler main dans la main avec tous les acteurs de la chaîne
3.3 La vision
Mon association sera un acteur exemplaire et incontournable de l’économie circulaire
réunionnaise. Elle démontrera le potentiel gustatif et économique des invendus à travers ses
activités déployées aux quatre coins de l’île avec tous les acteurs (agriculteurs, restaurateurs,
commerce, demandeurs d’emplois, adultes, enfants). Elle permettra de booster un bassin d’emploi
fragile en favorisant la réinsertion des publics éloignés de l’emploi et de créer du lien social.

Elle va développer des partenariats gagnants-gagnants avec les parties prenantes (clients,
consommateurs, fournisseurs, voisins, municipalité.) à travers une vision et un engagement partagé
par tous.

  • Pour les agriculteurs :

Une valorisation du fruit de leur travail plutôt que détruit, des tarifs avantageux s’ils souhaitent
revendre, une diminution de leur perte sur récolte.

–  Pour les distributeurs :
Une réduction des coûts engendrés pour la destruction des stocks, respect de la loi anti-gaspillage,
amélioration de leur image de marque de leurs clients et de l’opinion publique.

  • Les consommateurs
    Valorisation dans une démarche éco-responsable.
    Mais pas seulement ma démarche concerne aussi les jardins privatifs, réutilisation cette richesse en
    contrepartie de l’embellissement, du nettoyage de l’environnement.
    Pour le monde économique je transforme leur perte, leur manque à gagner en plus-value,
    Les particuliers, les déchets dans leur cour, je propose un service d’entretien qui va se transformer en
    produit alimentaire
    Pour un certain public c’est une plus-value financière car pour les personnes âgées pas de frais pour
    entretenir le jardin.

3.4 Les missions

Il s’agit de : « Lutter contre le gaspillage alimentaire et créer des emplois destinés aux personnes en
difficultés d’insertion
– En développant plusieurs gammes de produits issus de la transformation des fruits et
légumes
–  En proposant des produits accessibles à tout type de clientèle.
–  En créant des emplois destinés à pour contribuer l’inclusion sociale fragiles
–  En promouvant et en développant les compétences locales de chacun par une production de
produits diversifiés et de qualité,
–  En modifiant les comportements des consommateurs en vue de réduire le gaspillage
alimentaire dans notre

3.5 Les domaines d’activité stratégiques (DAS)
Les missions seront mises en œuvre à travers 3 domaines d’activité stratégiques :
– la transformation et la production de confitures et de soupes ;
– la sensibilisation « l’idée est aussi de faire redécouvrir des goûts et de nous rappeler que la
nature est nourricière » ;
– des ateliers de dégustations.

3. L’étude de marché
Mon étude de marché montre très bien que la confiture à un marché à la Réunion.

Typologie des
consommateurs

Estimation des
effectifs

Estimation de volume
consommés

Les familles 320 000 ménages 1 600 000 pots Hypothèse 5 pots par

famille/an

Cantines, lycées 46 internats 184 00 20 dosettes de 20
g/internat sur 200
jours

Hôtels et offices de
tourisme

3 200 30 000 10

pots/établissements/a
n

La confiture est au centre de nouvelles tendances de consommation
– Tendance culturelle : les consommateurs se tournent vers l’authenticité, la preuve l’activité de la
Ruche qui dit oui a été multiplié par 2 depuis le confinement
-Tendance écologique : le recyclage est au cœur des préoccupation des réunionnais. Des entreprises
comme Phenix, l’Adrie, Réutiliz voient le jour sur le territoire de la Réunion,
Le gaspillage alimentaire est catastrophique sur l’île, 30% et 40% de fruits et légumes ne finissent pas
dans nos assiettes.
L’initiative de la valorisation des fruits existent déjà sur le territoire de la métropole et cela
fonctionne !!!
La preuve RE-BELLES est un projet initié par des membres du mouvement citoyen Disco Soupe qui
sensibilise au gaspillage alimentaire.
Depuis sa création en 2017, plus de 90 tonnes de fruits ont été valorisées sous la forme de 230 000
pots de confitures environ. Les invendus récupérés dans des supermarchés, cuisinés, mis en bocaux à
Aubervilliers puis commercialisés dans les mêmes enseignes.
A la Réunion cette initiative n’existe pas. Des confituriers innovants oui comme COCO PASSION avec
sa gelée de fleur de flamboyant ou encore les GIRAFONS qui depuis cette année récolte les légumes
invendus pour réaliser des achards mais personne ne récolte les fruits et légumes, utilise des
contenants recyclés ainsi que des chutes de tissus.
Une volonté d’insérer des personnes en difficultés dans la vie professionnelle. Agent confiturier,
collecteur-livreur, assistant logistique, assistant administratif… L'entreprise d'insertion proposera
quatre types de postes et aidera ainsi les employés à concrétiser leurs projets professionnels via un
CDDI (contrat à durée déterminée d'insertion). Avec cette expérience professionnelle, les employés
acquerront de nouvelles compétences et favoriseront ainsi leurs chances de réinsertion durable.